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mercredi 29 octobre 2014

"Affaire de la Bandera" : Plusieurs milliers de personnes se rendent compte qu'elles sont corses

Un phénomène incroyable s'est déclenché ces derniers jours : grâce à l'affaire dite "de la Bandera" ou "des Banderas", des milliers d'habitants de l'île viennent de prendre conscience qu'ils habitaient en Corse et qu'ils appartenaient à un peuple. Un bouleversement pour la plupart d'entre eux. Reportage. 




Depuis que le gardien de but de l'équipe de Bastia a brandi à Nice une "testa mora" (un bout de tissu représentant une tête d'homme noir avec un bandeau sur le front), on ne parle plus que de la Corse et de son drapeau. A tel point que des centaines de gens se sont passionnés pour cette légende, qui peu à peu devient réalité : la Corse existerait-elle? Le peuple Corse n'est-il pas qu'une histoire qu'on raconte aux enfants pour les effrayer ? Ce drapeau aurait-il une signification ? Le doute s'est installé chez de nombreux habitants et la mode est en train de prendre de l'ampleur.
Johanna, 22 ans, habite dans le quartier de Toga à Bastia. Cette jeune fille passionnée de volley et d'animaux marins accrochait ce matin une Bandera à sa fenêtre. L'équipe de Carsico est allée l'interroger pour savoir ce qui motivait en elle ce geste :  "En fait, depuis une semaine, j'ai pris conscience de pas mal de choses. Jusqu'à ce que Jean-Louis Leca sorte ce drapeau sur le terrain de Nice, je n'avais jamais prêté attention à ce symbole. J'ai depuis remarqué qu'il figurait sur ma plaque d'immatriculation et sur pas mal d'enseignes autour de chez moi, . Et puis on m'a dit que c'était le drapeau de la Corse, j'ai pas tout compris au début, puis on m'a expliqué ce que c'était la Corse, une île, que j'habitais dessus et tout. Et je trouve ça super cool. Alors c'est normal de le mettre à mon balcon!"

Plus rien ne sera jamais comme avant

En se baladant dans les rues des villes Corses, on trouve de plus en plus de drapeaux à la tête de Maure. Dans le quartier de Champeau à Calvi virevoltent des chiffons noirs et blancs, offerts par la mairie aux milliers de légionnaires qui peuplent la ville. A Porto-Vecchio, notre envoyé spécial a rencontré Gérard, 51 ans, qui témoigne lui aussi d'une grande motivation à l'égard de sa nouvelle marotte : "Un jour, un ami m'avait offert un pendentif avec cette tête coupée. Je trouvais ça vulgaire et je l'ai rangé dans un tiroir. Aujourd'hui, on m'apprend que ce petit symbole est l'effigie de la Corse, une île sur laquelle j'habiterais depuis toujours. Je ne vous cache pas qu'au début, j'étais plutôt circonspect. J'avais vaguement entendu parler d'une légende comme quoi, si on était obligés de prendre l'avion pour aller à Marseille, c'était parce que la mer nous séparait du reste du continent. Mais je n'ai jamais cherché à aller plus loin. Et puis je me suis dit, pourquoi pas ? Et maintenant j'y crois dur comme fer. Plus rien ne sera jamais comme avant"
Comme Gérard, des centaines d'habitants de la région corse croient désormais appartenir à un peuple, avec une histoire et un destin communs. Certains sont même allés jusqu'à prétendre à l'existence d'une langue spécifique à cette communauté. Un phénomène amusant au début, qui va peut-être un peu trop loin, puisque plusieurs cas de personnes baragouinant dans un dialecte incompréhensible ont été signalés dans l'intérieur des terres. "Pas de souci, c'est juste de l'arabe", rassure cependant le capitaine Drugeon, officier de la gendarmerie de Piedicroce.

Jusqu'où cela peut-il aller ?

Nous avons interrogé André Finidi, un sociologue spécialiste des effets de masse, à ce sujet: "Il est vrai que ce phénomène a pris une importance incroyable en quelques jours. Mais justement, c'est ce qui est rassurant. En général, plus les gens se passionnent vite, plus ils oublient vite. On l'a vu avec la Neknomination ou la cigarette électronique : ça n'a duré que quelques semaines. Il est fort à parier que d'ici une quinzaine de jours, tous ces drapeaux auront disparu et la vie normale aura repris son cours. Il restera bien sûr des irréductibles qui s'inventeront un monde et tout un tas de rituels autour de cette légende, mais ils seront marginaux et personne ne prêtera attention à leur discours". 
Du côté des pratiquants de la "Banderas Party", on ne lâche pourtant pas le morceau. Adolphe, jeune étudiant cortenais en licence de master, explique qu'il compte bientôt organise rune grande fête autour du drapeau et de ce qu'il serait censé représenter. "On va faire un grand chapiteau avec des animations, des compétitions de dessin de bandera et des débats sur la pulenda (aliment que les pro-bandera présentent comme originaire de Corse, ndlr). Il y aura même un concours de Pulenda! Le vainqueur sera élu meilleur corse de l'année 2014. C'est le début de la révolution, les flics sont sur les dents". 
Heureusement, les partisans du drapeau ont l'air plutôt innofensifs, ce qui laisse à penser que tout se déroulera dans le calme. Le temps fera son affaire et tous ces citoyens lambda rentreront certainement dans le rang. Et d'ici quelques années, nul doute que beaucoup de monde rigolera de cet effet de mode inattendu.




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